mercredi 5 juin 2013

Un réseau de bibliothèques ou 43 x la même?

Bouquineur incurable, j'ai fait plusieurs fois le tour de l'Île pour visiter des librairies que je ne connaissais pas. Amateur de bibliothèques, je n'ai pourtant visité que 5 ou 6 des 43 bibliothèques de la Ville de Montréal, sans compter celles des villes défusionnées. L'amateur de livres en moi court les librairies, les bazars, les ventes de garage et les marchés aux puces, mais il ne court pas les  bibliothèques. Je me pose la question:

Pourquoi ne suis-je jamais allé (ou presque) dans une autre bibliothèque publique de Montréal que la plus près de chez moi?

Comme pour tout le monde, ici ou ailleurs, ma bibliothèque publique est la plus proche, c'est une bibliothèque de proximité, la plus pratique: c'est ma bibliothèque locale. Outre cet argument géographique, pourquoi est-ce que je ne fréquente pas les autres bibliothèques de la ville?

Pourquoi je n'y vais pas? Parce que je vais y trouver, à quelques petites différences près, la même collection, les mêmes services, le même aménagement intellectuel.

Les nouvelles et futures bibliothèques offriront de magnifiques lieux, plus attrayants, des lieux culturels modernes destinés à la population locale, de proximité. Mais tous les autres Montréalais, ceux qui habitent plus loin et qui ont déjà leur bibliothèque, pourquoi se déplaceraient-ils pour les fréquenter?

Et si on imaginait plutôt les bibliothèques publiques de Montréal avec, oui, bien sûr, une architecture renouvelée, mais aussi avec des collections, des services de référence, des ressources documentaires et de l'équipement numérique différenciés?

Et si nous imaginions les bibliothèques comme des quartiers distincts pour occuper un espace original dans une ville de savoirs et de connaissances? Concevons-les différemment pour faire sortir les gens de leur "local", de leur proximité. Qu'est-ce cela demanderait de plus à nos bibliothèques pour nous faire bouger en dehors de notre quartier? Comment nous attirer vers les autres bibliothèques pour y lire et découvrir d'autres biens culturels?

Abstraction faite de la Grande Bibliothèque de BAnQ, pourquoi des professeurs emmèneraient-ils leurs élèves à d'autres bibliothèques que la plus près de leur école?  Pourquoi les bibliothèques ne deviendraient-elles pas des destinations culturelles, même pour les Montréalais? (Pour autre chose que leur architecture modernisée...)

Franco Matticchio

Imaginons... À Lachine, il serait possible de personnaliser l'offre autour de l'histoire du travail et de l'industrie. À Côte-des-Neiges, nous pourrions consulter un centre de référence sur les flux migratoires de la ville. Frontenac et Mercier sont bien localisées pour brancher leurs ressources sur le fleuve et le port. Voici pour les "contenus". Mais allons plus loin et appliquons le même principe de différenciation-personnalisation aux espaces de médiation. Pourquoi pas une bibliothèque "audio-sonore"? Une autre pourrait être le temple des "images-vidéos". Une autre deviendrait un lieu spécialisé en "écriture-lecture". Une autre réunirait tout sur la danse, les jeux et les sports. Une autre serait "fablab centrique". Une autre serait tout simplement... à l'ancienne! Une autre, sans livres ni imprimés! Pourquoi pas? Mais toutes sans livres, jamais! Toutes interconnectées, toutes reliées, bien sûr, par des objectifs, un fonds et un langage documentaire communs.

La nouvelle orientation: accentuer une dimension de la bibliothèque universelle générale dans une configuration locale, dans une bibliothèque orignale et unique. 

Que veut dire le terme "local" pour une bibliothèque?

C'est être située dans un quartier, bien sûr. Mais quoi d'autre? Cela peut signifier aussi "localisation" culturelle, un lieu propre, dans l'offre bibliothéconomique générale. Il pourrait y avoir une classification des bibliothèques (un Dewey+) pour situer chaque projet dans des catégories générales. Après tout, la clientèle locale pour une bibliothèque ne devrait pas être la même que celle de la pizzeria locale! Elle devrait venir de plus loin, de tous les quartiers, de partout, même de la sphère Web de l'autre bout de la planète.

Et si la différenciation des bibliothèques devenait un axe de développement pour les concevoir comme un tout modulaire, un circuit culturel, imaginé comme on conçoit un circuit touristique, rempli de points d'attractions, complémentaires, ayant chacune d'entre elles des profils, des personnalités techno-culturelles distinctives?

[Pour cela, diront plusieurs, il faudrait une vraie ville centrale forte, et ils n'auraient pas tort.]

Dès maintenant, la collection (à cause de l'accès numérique) ne peut plus être un réel facteur de différenciation. Alors, comment donner une valeur spécifique à une bibliothèque? Quelle personnalité, ou plutôt quel personnage-institution chaque bibliothèque devrait-elle jouer sur la scène culturelle urbaine?

Je me repose la question: qu'est-ce qui pourrait me donner le goût d'aller à une bibliothèque autre que Frontenac, Mont-Royal ou à BAnQ? Je ne sais pas. Pour le moment, j'ai le goût d'aller voir les nouveaux édifices pour le plaisir de l'architecture. Après ces jolis coups d'oeil, qu'est-ce qui pourrait me motiver à fréquenter, même de temps en temps, les quarante autres bibliothèques? Pourquoi j'y retournerais si c'est pour retrouver la même bibliothèque que celles à côté de chez moi?

Je sais, mes questions sont plus nombreuses que mes réponses. Mais concevoir un ensemble de bibliothèques comme un réseau de connaissances et d'expériences complémentaires, différencié, c'est un autre projet que de concevoir un série de bibliothèques généralistes qui offrent "tout" de la même manière à ses voisins

43 x la même bibliothèque = une seule offre de service.

43 x des bibliothèques personnalisées = un réseau des services.

Est-ce le même projet de concevoir une bibliothèque pour une ville ou un village, où elle sera la seule et l'unique, que d'en concevoir une pour l'intégrer à l'intérieur d'un réseau public d'une grande ville?

Le "local" dans une métropole et celui dans un village n'ont pas la même taille!

Bibliothèquement vôtre!

Luc Gauvreau

P.S.:  Pour explorer la diversité des aménagements possibles, je vous recommande l'album "Bibliothèques et lbrairies" de Irène Ellenberger, artiste, graphiste et conceptrice visuelle, sur Pinterest.

mercredi 6 mars 2013

Montréal en 1949 (partie 1)

Voilà plus de 60 ans, au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, qu'aurait-on vu de l'Île de Montréal si nous avions pris l'un des avions de la Canadian Pacific Air Lines Ltd, Aerial Survey Division pour photographier le territoire?

Des champs et encore des champs, des milliers de petits et grands potagers, souvent enclavés dans des quartiers en construction, des dizaines de petits ruisseaux, des banlieues en expansion et l'incroyable place que prenait alors les chemins de fer, les immenses gares de triage. Et tant d'autres choses, comme le pavillon central de l'Université de Montréal, presque tout seul, au sommet du mont Royal.

Les Archives de la Ville de Montréal ont déposé dans le portail de données ouvertes de la Ville plus de 3 900 photos aériennes: c'est une collection fascinante à voir et à regarder. Pour réaliser cette cartographie aérienne de l'Île en 1949, le territoire a été séparé en 48 couloirs. De 50 à 95 photos étaient prises pour couvrir chaque couloir. Chacune d'entre elles représente donc qu'une petite fraction de l'ensemble. En les regardant une à une, on a beaucoup de difficulté à les situer, d'autant plus que le "chevauchement" entre les photos est assez grand, plus de 30 % du territoire se retrouve souvent sur les photos adjacentes.



Mais la technologie peut donner un bon coup de main! Pour juxtaposer les photos les unes aux autres, j'ai utilisé l'application Photosynth de Microsoft. C'est très facile à utiliser et à mettre en ligne (mais le téléchargement m'a semblé un peu long). Je n'ai pas vérifié chaque collage fait automatiquement, mais le résultat me semble très bon, sinon excellent. Voici le résultat pour 200 photos. Choisir "Agrandir pleine vue" pour un meilleur résultat. D'autres applications peuvent créer ce type de panorama composée de centaines de photos, avec plus de fonctionnalités et de souplesse.

Pour avoir un avant-goût de toutes les possibilités de découverte que l'on pourra faire avec la carte aérienne générale de l'Île en 1949, cette application remplit tout à fait son rôle.

Le long édifice au centre "inférieur" de l'image est le Grand Séminaire, rue Sherbrooke à l'Ouest de la rue Guy; plus à gauche, c'est le Collège Dawson, à l'ouest de la rue Atwater.

Bonne visite!


Vous pouvez comparer avec la carte actuelle:


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samedi 23 février 2013

Journée internationale des données ouvertes

Le 23 février, dans le cadre de la Journée internationale des données ouvertes, je donne un conférence sur le thème de la "culture ouverte". Voici un aperçu du diaporama dont je me servirai: